

Interview des rédacteurs en chef de la RDC-TBH : Guillaume Croisant et Arie Van Hoe
La Revue de Droit Commercial Belge / Tijdschrift voor Belgisch Handelsrecht (RDC-TBH) occupe depuis des décennies une place singulière dans le droit de l’entreprise en Belgique. Ce qui la distingue, ce n’est pas seulement son caractère généraliste, mais aussi son bilinguisme, son rôle d’espace de dialogue entre la magistrature et les autres professions juridiques, ainsi que son peer review exigeant garantissant la qualité de chaque contribution.
La revue est co-dirigée par deux rédacteurs en chef, Guillaume Croisant et Arie Van Hoe. Dans cet entretien, nous explorons avec eux la vision éditoriale, la manière dont les thèmes sont sélectionnés, ainsi que la motivation personnelle à poursuivre ce travail. Nous abordons l’équilibre entre profondeur académique et applicabilité pratique, la place donnée aux jeunes auteurs, et les défis et opportunités que la revue identifie à l’ère de la numérisation et de la durabilité.
Vision éditoriale
Selon vous, quelle est la mission centrale de la revue RDC-TBH dans le droit commercial belge ?
La RDC-TBH a pour ambition de présenter de manière qualitative au lecteur du journal les principales évolutions du vaste droit de l’entreprise. Cette mission résume d’emblée le principal défi, compte tenu de la multiplicité des évolutions qui interviennent dans les différentes branches du droit constituant le droit de l’entreprise. Outre son caractère généraliste, ce qui caractérise la RDC-TBH, c’est son bilinguisme, l’espace de dialogue unique qu’elle offre entre la magistrature (qui est à l’origine de la Revue) et les autres professions juridiques, et ses peer reviews exigeants garantissant la qualité de ses contributions.
Comment déterminez-vous quels thèmes ou contributions sont pertinents pour la publication ?
Dans un premier temps, les sous-comités de rédaction – nous en comptons dix, chacune composée de spécialistes de leur domaine (magistrats, académiques, avocats, juristes d’entreprise, etc.), se distinguant par leur expertise, diversité et complémentarité – déterminent quels sujets ils souhaitent voir traités dans le numéro qui leur est dédié. En tant que rédacteurs en chef, nous considérons toutefois qu’il fait partie de notre mission de formuler certaines suggestions. De façon générale, du fait du caractère généraliste de la Revue, nous essayons que toutes les grandes évolutions dans les différentes branches du droit soient abordées, tant au niveau de la législation que de la jurisprudence.
Réflexion personnelle
Qu’est-ce qui vous motive personnellement à assumer ce rôle éditorial de rédacteur en chef ?
C’est une belle idée de pouvoir poursuivre le travail d’illustres prédécesseurs. Par ailleurs, il y a la conviction que la doctrine juridique de qualité reste tout aussi précieuse en 2025. C’est aussi une rare opportunité de garder une vue large sur les principaux développements du droit économique, et de pouvoir échanger avec nombre de professionnels qui pratiquent d’autres matières et/ou d’autres vocations que l’avocature.
Contenu et sélection
Quelles évolutions du droit commercial voyez-vous actuellement reflétées dans les articles soumis ?
Une grande partie des articles porte sur les nombreuses innovations législatives, tant au niveau belge qu’européen, des dernières années, qui doivent encore être assimilées par la pratique. Nous pensons que, sous cet angle, les dix dernières années ont été plutôt exceptionnelles (nouveau Code civil, nombreuses évolutions du Code de droit économique, durabilité, etc.). Par ailleurs, une attention particulière est accordée à la durabilité et à la digitalisation, deux évolutions qui revêtent évidemment une grande importance pour la société.
Comment gérez-vous l’équilibre entre la profondeur académique et l’applicabilité pratique ?
Le mot « équilibre » est tout à fait approprié ici. À notre avis, il n’existe pas d’article purement académique ou purement pratique. La théorie et la pratique doivent, d’une manière ou d’une autre, être mises en relation. Cela se fait généralement de manière naturelle, car les auteurs sont souvent également des praticiens, et ils ont une bonne idée du type de doctrine juridique qui a sa place dans la revue.
Auteurs et collaboration
Comment se déroule la collaboration avec les jeunes chercheurs ou les nouveaux auteurs ?
Il s’agit d’une stratégie délibérée de donner une place aux jeunes ou nouveaux auteurs et rédacteurs au sein des comités de la rédaction et dans la revue. Une revue avec une histoire telle que la RDC-TBH doit toujours regarder vers l’avenir. Les jeunes professionnels d’aujourd’hui formeront la doctrine juridique établie de demain et apporte une nouvelle perspective bienvenue au sein des comités de la rédaction. Les portes de notre revue sont ouvertes à tous, tant que la qualité reste garantie.
Avenir et innovation
Quel rôle voyez-vous pour RDC-TBH à l’ère numérique des publications juridiques ?
Il nous semble qu’un des grands défis de notre époque est que l’information, et ses sources, sont démultipliées, parfois au détriment de la pertinence et de la qualité de l’analyse. Dans son contexte, nous considérons que le travail des revues juridiques est plus essentiel que jamais, en particulier celles qui, comme la RDC-TBH, ont un caractère généraliste et sont basées sur un peer review exigeant et le travail collaboratif de spécialistes du domaine.
À propos de la revue


Revue de droit commercial belge – Tijdschrift voor Belgisch Handelsrecht
Rédacteurs en chef: Arie Van Hoe et Guillaume Croisant
Abonnement 2025 - 10 numéros par an

