La Revue belge de droit international fête ses 60 ans
Entretien avec des membres du Comité de rédaction


La Revue belge de droit international (RBDI) fête ses 60 ans ! Publiée depuis 1965, elle comprend des articles en français et parfois en anglais ou en néerlandais, portant sur des sujets qui relèvent du droit international public ou du droit international privé. À cette occasion, nous avons rencontré des membres du Comité de rédaction. Ils nous parlent de la revue.
Quelle est la spécificité de la Revue belge de droit international ?
Olivier Corten et Anne Lagerwall (co-directeurs de la Revue) : “Dès son origine, la Revue a souhaité mettre l’accent sur la pratique, ce qui l’a amené à développer plusieurs chroniques (de la pratique de l’exécutif, de la jurisprudence, …) mais aussi à publier des dossiers liés à certains conflits emblématiques, comme les guerres en Irak (2003), en Ukraine (2022) ou à Gaza (2024). Dans ces dossiers, une place particulière est réservée à un exposé et une analyse critique des prises de position collectives de juristes ou d’institutions doctrinales se prononçant sur la licéité de ces guerres, une dimension que l’on ne retrouve pas dans d’autres revues de droit international. Parallèlement, la Revue privilégie également des contributions venant d’horizons divers, dans le but d’inclure autant que possible des auteurs ou autrices provenant de diverses zones géographiques du monde ou adoptant des approches méthodologiques variées. La Revue fait également la place belle aux plus jeunes voire même aux étudiants et aux étudiantes en assurant la publication du travail de fin d’études défendu dans une université belge qui se trouve récompensé par le prix annuel de la Société belge de droit international. La Revue constitue également un espace de réflexion à laquelle prennent part les spécialistes du droit international des diverses universités belges qui composent son comité de rédaction. Le fondateur de la Revue, Jean Salmon, avait souhaité comme il l’a écrit dans son éditorial du premier numéro de la Revue paru il y a 60 ans que « la Revue devienne un lien permanent entre tous les juristes belges de droit international, que ceux-ci se trouvent sur place ou résident à l’étranger pour y remplir des missions nationales ou internationales ». Ce lien s’est rapidement créé dès les premières années de la Revue et il se perpétue jusqu’à ce jour en même temps qu’il se renouvelle”.
Why is it good to have a Belgian Journal of International Law?
Jan Wouters (directeur-adjoint de la Revue) : It is good to have a Belgian journal of international law because Belgium is extremely rich in terms of the many academic and practical traditions of international law it harbours. It is home to a number of great academic institutes, in both linguistic parts of the country, each having their own strengths and specific expertise on matters of public international law and the law of international organizations. The country also has a long and distinguished tradition of politicians, lawmakers, judges, diplomats, legal counsels and other practitioners engaging with international law, often playing a pioneering role. The substantial international law practice, not just of the federal government but also of the Communities and Regions (each with their respective treaty-making powers and diplomatic networks), makes Belgium unique as well. Last but not least, Belgium is home to the main institutions of the European Union, of NATO, SHAPE and a great number of other international institutions (e.g. Eurocontrol, the World Customs Organization, more than 25 UN offices,…). There is a wealth of expertise on the many issues dealt with by those organizations.
Peut-on parler d’un ‘droit international belge’ ?
Frédéric Dopagne (responsable de la chronique de la pratique belge) : “La Revue belge de droit international publie depuis sa création une chronique de la pratique belge de l'exécutif et du contrôle parlementaire en matière de droit international. Dirigée durant de nombreuses années par le fondateur de la Revue, Jean Salmon, la chronique offre un riche aperçu à la fois de la manière dont le droit international a été, au fil des ans et des décennies, appliqué, interprété, perçu, mobilisé ou contesté par les organes du pouvoir exécutif, et de la manière dont l'action - ou l'inaction - de ce dernier sur le plan du droit international a été soumise au contrôle politique des assemblées. Étendue à la pratique des communautés et régions à partir de la fédéralisation de l'État belge, la chronique fournit ainsi un matériau appréciable aux chercheurs, étudiants et praticiens divers, fût-ce dans un contexte où de multiples informations sont accessibles au plus grand nombre. La chronique se renouvelle, en outre, à l'occasion des 60 ans de la Revue. Sans délaisser les sources qui l'ont toujours principalement alimentée (Moniteur belge, documents parlementaires, etc.), elle se concentre désormais sur un nombre plus limité d'éléments qui ont paru particulièrement intéressants et saillants dans la pratique exécutive belge. Cette nouvelle formule laisse ainsi davantage de place à de brefs commentaires critiques des collaborateurs de la chronique, permettant de mieux encore mettre en perspective la pratique rapportée”.
Peut-on parler d’une ‘jurisprudence belge relative au droit international’ ?
Pierre d’Argent (responsable de la chronique de la jurisprudence) : “La Chronique de jurisprudence belge relative au droit international public offre un panorama rigoureux et régulier des décisions les plus significatives des cours et tribunaux belges portant sur des points de droit international. Elle recense et analyse les arrêts des juridictions nationales—Cour constitutionnelle, Cour de cassation, juridictions de l’ordre judiciaire et Conseil d’État—touchant à des questions telles que le droit des traités, les sujets du droit international, les rapports entre droit international et droit interne, le droit des immunités (États et organisations internationales), le droit diplomatique et consulaire. Unique en son genre, la Chronique permet de suivre l’évolution de la jurisprudence belge et constitue un outil précieux pour les praticiens, les chercheurs et étudiants”.

